Nous vous proposons ci-dessous un nouveau bilan hebdomadaire des marchés de la semaine passée. Bonne lecture.
Trump fait vaciller les marchés
Ce qui devait être un jour de libération pour les États-Unis s’est transformé en jour de deuil pour les marchés financiers. La date et l’heure étaient cochées dans tous les agendas : mercredi 2 avril à 16h, le président américain s’est présenté dans le Rose Garden de la Maison-Blanche, brandissant fièrement un tableau affichant des chiffres censés démontrer que les États-Unis se font « arnaquer » par le reste du monde.
Après avoir repris les calculs et tenté, en appliquant toutes les équations possibles — où même le célèbre mathématicien Leonhard Euler, connu pour avoir introduit les fonctions mathématiques modernes, serait resté perplexe — on arrive au même résultat : les comptes ne sont pas bons, Donald.
À sa décharge, rien dans son passé ne laissait présager une carrière d’actuaire pour celui dont les parents, bien inspirés, avaient décidé son placement à 13 ans dans une académie militaire pour canaliser son énergie (on apprend par ailleurs que, selon le Washington Post, le proviseur de la New York Academy aurait été gentiment invité à transférer les résultats scolaires de l’intéressé en lieu sûr, où ils ne pourraient pas fuiter).
Je ne sais pas s’il faut y voir une relation de cause à effet, mais, selon le président américain, les produits exportés des États-Unis vers l’UE subiraient une taxe de 39 %. Or, selon l’UE, la moyenne des droits de douane est équivalente à 4 %, avec des disparités selon les produits importés depuis les US.
Sans avoir recours à une IA aux capacités de calculs surpuissants, pour se rapprocher du calcul savant de l’administration américaine, il suffit de diviser le déficit commercial d’un partenaire par les importations venant de ce pays, puis multiplier le tout par 100 !
Pas sûr qu’il faille en rire, car les annonces de droits de douane tous azimuts qui en ont suivi ; bien au-delà de ce qu’anticipait le marché, ont eu l’effet d’une déflagration sur les marchés.
Lors des deux dernières séances de la semaine, le S&P 500 a décroché de 9,1 %, le Nasdaq de 10 %, et 11 000 milliards de dollars de capitalisation pour les entreprises américaines se sont évaporés ! First America !
L’addition la plus salée s’adresse à l’Asie, avec comme cible prioritaire la Chine et ses alliés commerciaux.
L’empire du Milieu qui devait déjà s’acquitter d’une taxation de 20 % depuis mars dernier se voit appliquer 34 % de plus. La réponse de Pékin ne s’est pas fait attendre : tous les produits américains importés seront taxés au même niveau. Œil pour œil, dent pour dent.
En Europe, on s’attendait à 10% de hausse tarifaire, ce sera finalement 20 % .
Cela devrait donner lieu à une réponse ciblée sur les services sur lesquels les États-Unis sont excédentaires à hauteur de 109 milliards d’euros vis-à-vis de l’Europe .
L’UE a les moyens de répliquer grâce à son arme nucléaire commerciale : un instrument « anti coercition » permettant de geler l’accès aux marchés publics et de bloquer certains produits ou investissements.
La guerre commerciale est donc lancée. Après un siècle de réduction progressive des barrières commerciales, la version Trump 2.0 nous fait basculer à l’époque de la fin de la guerre de Sécession, lorsque le président McKinley — surnommé « le Napoléon de la protection » — portait les droits de douane à près de 50 % avec pour slogan : « Prospérité à la maison, prestige à l’étranger ».
Cette politique, dont Trump vante aujourd’hui les mérites en affirmant que les États-Unis n’ont jamais été aussi riches à cette époque, avait en réalité contribué à une hausse des prix à la consommation, ce qui fit perdre les élections de mi-mandat de 1890 au camp républicain.
Lors de sa réélection dix ans plus tard, McKinley tournait le dos au protectionnisme en déclarant : « Les guerres commerciales ne sont pas rentables. Une politique de bonne volonté et des relations commerciales amicales permettront d’éviter les représailles ».
Lorsque l’on sait que 2/3 de la croissance du PIB américain provient de la consommation de ses citoyens et que, par effet collatéral ils seront les premiers à payer la facture des droits de douane, le pari est plutôt risqué pour le président américain récemment élu qui avait promis aux Américains qu’il tordrait le cou à l’inflation.
Sur les places financières, les actions ont chuté de manière brutale : le CAC 40 cède 8,10 % sur la semaine, effaçant la totalité des gains depuis le début de l’année.
Les investisseurs redécouvrent l’angoisse d’ouvrir une page web ou une application de données financières, et d’y voir apparaitre des baisses abyssales de leurs actifs.
À chaque crise, il est bon de se rappeler qu’il vaut mieux garder son calme et maintenir une stratégie de long terme, sans réaction épidermique.
En 2018, lors de la première salve de droits de douane, le S&P 500 avait cédé près de 14 % entre octobre et décembre 2018, avant de rebondir l’année suivante de près de 31 %.
Il est trop tôt pour se prononcer sur un éventuel rebond, mais il est probable que des négociations aboutissent à de nouveaux accords commerciaux.
Un scénario de courbe en K pourrait alors se dessiner pour les marchés dans les semaines ou mois à venir.
Gardons à l’esprit toute chose étant égale, par ailleurs « Time in the market is better than timing the market ».
- Rédigé par Vincent BARBIER, gérant Proximité Partenaires Conseils.
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