Nous vous proposons ci-dessous un nouveau bilan hebdomadaire des marchés de la semaine passée. Bonne lecture.
Trump rallume la guerre commerciale sur fond de terres rares
Les marchés vivent depuis plusieurs mois sous perfusion de l’intelligence artificielle dopée par les promesses de gains massifs de productivité, insensibles pour l’instant aux secousses politiques et économiques. Ce n’est pas la première fois que la Bourse reçoit ce type de traitement miracle, je rappelle régulièrement dans mon point hebdo qu’ à la fin des années 1990, c’est la révolution Internet qui faisait figure de remède universel. Les investisseurs s’injectaient à forte dose le mot magique “.com” — et pendant quelques années, tout paraissait possible. Le Nasdaq s’était envolé de plus de 600 %, avant que le corps de marché, saturé de spéculation, ne rejette brutalement le traitement.
Résultat : une rechute violente et 80 % de capitalisation envolée. À l’époque, Amazon avait perdu 95 % de sa valeur, mais a survécu grâce à une véritable activité économique. Et c’est peut-être là toute la différence avec la situation actuelle : l’intelligence artificielle génère déjà des profits et des usages concrets, là où beaucoup d’entreprises « dot-com » ne reposaient que sur des promesses. Toujours est-il que la dynamique haussière des marchés a connu un coup de frein la semaine passée dû principalement à de nouvelles tensions commerciales entre Washington et Pékin.
La relance de la guerre des prix et la menace tarifaire
Vendredi dernier Donald Trump a relancé la guerre commerciale en annonçant qu’il envisageait une hausse massive des droits de douane sur les produits chinois, en réplique à des contrôles à l’export de la Chine sur les terres rares essentielles pour de nombreux secteurs industriels, notamment la haute technologie.
Depuis sa réélection en novembre dernier, le président américain s’est employé à tordre le cou de ses partenaires commerciaux en leur imposant des droits de douane tous azimuts censés réparer une injustice en matière de balance commerciale. Son meilleur ennemi en la matière, la Chine dispose de peu de marge pour riposter sur le terrain tarifaire, Pékin exporte environ cinq fois plus de biens vers les États-Unis que l’inverse, ce qui limite sa capacité à répondre symétriquement par de nouveaux tarifs. Mais la Chine dispose d’une autre arme, bien plus subtile : le contrôle des terres rares, ces métaux indispensables à l’industrie américaine — des semi-conducteurs à la défense, en passant par les batteries et les véhicules électriques.
En restreignant leurs exportations, Pékin ne s’attaque pas à la consommation américaine, mais au cœur de son appareil productif. C’est une riposte géoéconomique qui parle directement à Washington : la guerre des prix voulue par Trump pourrait bien se transformer en guerre des ressources. En attendant, suite à l’annonce épidermique de Donald Trump de relever à 100% les droits de douanes sur les produits chinois, les indices ont piqué du nez. Le Nasdaq composite a reculé d’environ –3,6 %, sa plus mauvaise journée depuis plusieurs mois, le S&P 500 a perdu environ –2,7 %. Le secteur technologique a été particulièrement visé, compte tenu de sa forte exposition à la Chine et aux chaînes d’approvisionnement élémentaires.
Crise politique française : quand la confiance s’effrite, les taux s’envolent
La nouvelle de la démission (et renomination provisoire) du Premier ministre Lecornu a immédiatement pesé sur le sentiment des investisseurs. Le CAC 40 a perdu entre 1,3 % et 1,5 % dès la séance de lundi, puis a poursuivi son recul dans les jours suivants. Les secteurs les plus exposés à la nervosité politique ont été les banques (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole), dont les titres ont enregistré des baisses oscillant autour de 4–5 %.
Le CAC 40 a été sous pression tout au long de la semaine, avec peu de soutien externe : la faiblesse de la visibilité budgétaire et l’incertitude sur les orientations futures ont limité le rebond. Au final, cette instabilité a contrarié une dynamique globale qui était jusque-là plutôt tolérante aux risques. Le marché parisien a été l’un des plus sensibles parmi les bourses européennes à ce retournement politique.
Une des conséquences les plus symboliques de cette crise politique est que le rendement de l’OAT (obligation française à 10 ans) a franchi un cap : il a surpassé le taux italien à 10 ans — un renversement inédit depuis plusieurs années. L’OAT réagit comme un électrocardiogramme de la vie politique : chaque soubresaut institutionnel se traduit par une variation de taux. À son pic, le taux à 10 ans de la France est monté autour de 3,58 %, creusant la prime de risque exigée par les investisseurs.
Ce mouvement a élargi l’écart de taux (spread) entre la France et l’Allemagne à environ 84 à 90 points de base, niveau le plus élevé depuis janvier Et chaque 0,5 % de hausse sur ces taux représente, à terme, 15 à 20 milliards d’euros de charge d’intérêt supplémentaire pour l’État. Autrement dit, les 20 milliards d’économies que le gouvernement espère réaliser dans le prochain budget ne serviraient finalement qu’à colmater la fuite sans s’attaquer à la cause.
Tant que la confiance politique et budgétaire ne sera pas rétablie, la France dépensera davantage pour financer son déficit qu’elle n’économisera en dépenses publiques.
La semaine prochaine, les projecteurs quitteront les plateaux politiques pour se tourner vers les bilans comptables : la saison des résultats d’entreprises démarre. On verra alors si la croissance des profits justifie la hausse des marchés… ou si l’IA devra encore jouer les infirmières de la Bourse.
Bonne semaine à toutes et tous !
Rédigé par Vincent BARBIER, gérant Proximité Partenaires Conseils.
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