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Nous vous proposons ci-dessous un nouveau bilan hebdomadaire des marchés de la semaine passée. Bonne lecture.

BILAN DES MARCHES

Jerome Powell tient la barre dans une Fed divisée

Après la période de resserrement monétaire coordonné post-Covid, menée pour contenir une inflation devenue hors de contrôle, le paysage monétaire mondial a profondément évolué. Aujourd’hui, les grandes banques centrales n’avancent plus au même rythme ni dans la même direction. La Réserve fédérale américaine fait face à un ralentissement marqué de l’emploi et à une inflation en net reflux, la Banque centrale européenne privilégie l’attentisme après avoir revu à la hausse ses perspectives de croissance, tandis que la Banque d’Angleterre s’attend à ce que l’inflation rentre dans le rang dès le second trimestre 2026.

À l’inverse, au Japon, les trentenaires, qui ont grandi dans un pays où les prix ne montaient jamais, découvrent aujourd’hui qu’un manga ou un bol de ramen peut coûter plus cher que l’année précédente. Une expérience inédite qui a poussé la banque centrale a tourné la page de plusieurs décennies de taux nuls ou négatifs.

Cette désynchronisation des politiques monétaires reflète une réalité simple : si l’inflation recule partout, les dynamiques de croissance, d’emploi et de finances publiques restent très différentes selon les régions. Pour les investisseurs, cette nouvelle phase marque la fin d’un pilotage global et le retour d’une lecture plus fine, zone par zone, opportunité par opportunité.

Aux États-Unis, les chiffres de l’emploi, publiés avec retard après le black-out de 43 jours provoqué par le shutdown, dessinent une photographie contrastée du marché du travail. En novembre, 64 000 emplois ont été créés, un chiffre modeste, pendant que la « tronçonneuse du DOGE » supprimait dans le même temps 168 000 postes de fonctionnaires fédéraux entre octobre et novembre. Résultat : le taux de chômage est remonté à 4,6 %, contre 4,4 % en septembre, confirmant un refroidissement progressif, mais bien réel.

La bonne nouvelle vient du front des prix. L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) a nettement reculé à 2,6 %, contre 3 % en septembre, ravivant l’espoir de nouvelles baisses de taux en 2026. Mais la boule à facettes n’est pas encore de sortie pour les investisseurs : les marchés ont bien compris qu’il serait imprudent de prendre pour argent comptant des statistiques collectées durant une période où le fonctionnement même des services publics et des offices statistiques était fortement perturbé.

En Europe, le ton est sensiblement différent. La Banque centrale européenne a maintenu ses taux directeurs inchangés pour la quatrième réunion consécutive, une décision qui, en soi, ne constituait pas une surprise. En revanche, le discours était particulièrement attendu après les propos d’Isabel Schnabel la semaine précédente, qui avait entrouvert la porte à une possible hausse des taux et provoqué une véritable montée de fièvre chez les investisseurs.

Sans se mouiller davantage, Christine Lagarde a tenu à clarifier le message : il n’existe aujourd’hui ni trajectoire de hausse ni trajectoire de baisse des taux prédéfinie. La BCE avance « réunion par réunion », strictement guidée par les données économiques à venir.

Derrière cette prudence assumée, l’institution a néanmoins légèrement revu à la hausse ses perspectives de croissance pour 2026, soutenues par la consommation, l’investissement et les exportations. L’inflation évolue désormais proche de la cible de 2 %, mais reste entourée d’incertitudes, notamment sur les prix des services et les chocs externes. En clair, la BCE privilégie la stabilité et l’ajustement progressif, rendant toute anticipation nette de mouvement de taux particulièrement délicate pour les investisseurs.

Mais cette prudence européenne n’est qu’une facette d’un paysage monétaire mondial de plus en plus fragmenté. La Banque du Japon a ainsi relevé son taux directeur de 0,25 %, le portant à 0,75 %, un niveau inédit depuis les années 1990. Un tournant historique, largement anticipé par les marchés, qui marque la fin progressive de l’ère de l’argent gratuit dans un Japon désormais confronté à une inflation durable.

À l’inverse, la Banque d’Angleterre a abaissé son taux directeur de 25 points de base, à 3,75 % justifiée par une inflation attendue de retour vers la cible de 2 % Il s’agit de la sixième baisse depuis août 2024, pour un total de 150 points de base, dans un contexte d’essoufflement confirmé de l’économie britannique.

Dans ce contexte, une chose est claire : l’ère d’une politique monétaire uniforme appartient au passé. Les banques centrales avancent désormais en ordre dispersé, chacune guidée par ses propres contraintes économiques, sociales et politiques. Pour les investisseurs, cette désynchronisation marque le retour d’un environnement plus exigeant, où la lecture fine des cycles et la patience redeviennent des atouts essentiels.

Bonne semaine à toutes et tous !
Rédigé par Vincent BARBIER, gérant Proximité Partenaires Conseils.

Signature Vincent Barbier

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