Lundi dernier alors que les efforts diplomatiques déployés durant le week-end pouvaient laisser penser à un début de désescalade, Vladimir Poutine a surpris le monde entier en déclarant l’indépendance des républiques séparatistes pro-russes de Donetsk et de Lougansk dans l’est de l’Ukraine de manière unilatérale. Trois jours plus tard, le président russe prétextant vouloir démilitariser et dénazifier l’Ukraine sans, je cite « ne rien imposer par la force à personne » déclare la guerre au président Zelensky.
Sans surprise, les marchés financiers ont réagi à la hauteur de la violence de l’évènement avec la pire journée : le jeudi 24 février où le CAC 40 a reculé de près de 4%, et une baisse remarquée de la Société Générale (-12,15%) particulièrement exposée par sa filiale russe, Rosbank (12 000 salariés).
Sur la semaine, le CAC 40 et l’Euro Stoxx 50 cèdent plus de 2,50%; aux US, le Dow Jones est resté quasi à l’équilibre -0,06% et le Nasdaq 100 a progressé de +1,64%. L’indice de la bourse russe, le RTS, a reculé de 21,41% et a cédé près de la moitié de sa capitalisation depuis le début de l’année. Vendredi, dans le sillage des indices américains, la bourse de Paris gommait sa chute de la veille avec un retour d’une partie des investisseurs jugeant avec un brin de cynisme que lorsque « les tanks se mettent à avancer, c’est là qu’il faut acheter ».
Les valeurs technologiques ont retrouvé de l’intérêt, les marchés considérant que la normalisation de la politique monétaire de la FED pourrait être freinée sans être remise en cause par les conséquences économiques des tensions géopolitiques.
Sur la semaine, le CAC 40 et l’Euro Stoxx 50 ont reculé de plus de 2,50%; aux US, le Dow Jones est resté quasi à l’équilibre -0,06% et le Nasdaq 100 a progressé de +1,64%.
L’indice de la bourse russe, le RTS, a reculé de 21,41% et a cédé près de la moitié de sa capitalisation depuis le début de l’année.
Le réveil de l’Occident
Après le temps des négociations, est venu le temps des sanctions. Comme chacun l’aura compris, l’OTAN, dont l’Ukraine n’est pas un état membre, n’enverra aucune troupe militaire pour s’opposer à l’armée russe sur le terrain.
En revanche, une pluie de sanctions, dont les répercussions jugées au départ « comme un coup d’épée dans l’eau » par certains politologues, se sont accumulées de manière exponentielle bien au-delà certainement de ce qu’imaginait Vladimir Poutine.
Les conséquences s’annoncent désastreuses pour l’économie russe, mais auront également un impact sur le quotidien des Européens. À commencer par le prix de l’énergie et des matières premières agricoles.
La Russie fournit 40 % du gaz naturel d’Europe et 25 % du pétrole consommé, seulement si Moscou ferme le robinet elle se ferait hara-kiri étant donné que les hydrocarbures représentent la principale exportation du pays et que l’Union européenne est son premier client.
Selon les propos du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, la décision de lever l’arme nucléaire financière, à savoir la coupure du réseau swift, est certes pour le moment activée uniquement aux banques russes, mais si cela devait être étendu à l’ensemble du système financier russe, nous ne pourrions plus payer les livraisons de gaz.
On comprend mieux pourquoi tous les pays de l’Union européenne n’étaient pas en accord sur cette mesure : l’Allemagne importe 60% du gaz russe, la Lettonie 90% et la Finlande 80%.
Le prix du blé est aussi très sensible à la situation actuelle, car la Russie et l’Ukraine représentent à elles seules près de 30% de la production mondiale sachant que la tonne de blé a augmenté de près de 60 % depuis deux ans et celle du maïs de 55%.
Devant l’inflexibilité du président russe et son comportement de plus en plus « va-t-en-guerre » à l’égard de l’Occident allant même jusqu’à brandir dimanche la « force de dissuasion » de l’armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen n’a pas tremblé en décidant la fermeture des espaces aériens souverains des vingt-sept membres de l’Union européenne aux appareils détenus par des Russes.
Enfin, des sanctions prises directement contre la banque centrale de la Fédération de Russie auront pour objectifs de couper l’économie du pays des systèmes financiers globaux et d’assécher les finances du pays dont une partie sert à financer la guerre en Ukraine.
Les conséquences se sont déjà fait sentir sur le cours du rouble qui a plongé de 30% face au dollar contraignant la banque centrale à relever son taux directeur de 20% afin d’éviter un risque inflationniste dévastateur pour leur économie.