Nous vous proposons ci-dessous un nouveau bilan hebdomadaire des marchés de la semaine passée. Bonne lecture.
Trump, Napoléon du commerce mondial
L’actualité des marchés impose parfois de patienter jusqu’à la fin du week-end pour rédiger un bilan hebdomadaire digne de ce nom. Car sans l’annonce retentissante tombée dimanche à 19h36 depuis les hauteurs de Turnberry, le résumé de la semaine aurait été pour le moins incomplet.
C’est là que Donald Trump a signé un accord avec l’Union européenne, aussitôt qualifié par ses soins de « plus grand jamais signé » ce qui en dit long sur le sentiment d’une victoire de plus dans sa croisade commerciale mondiale, menée à coups de droits de douane.
Tel un Napoléon du XXIe siècle, Trump ne se contente pas d’un Austerlitz économique face à Bruxelles. Il enchaîne les conquêtes : un accord avec le Japon ici, un autre avec le Royaume-Uni, puis le Vietnam, les Philippines… Chaque pays est traité individuellement, sur le mode du « deal gagnant-gagnant » (comprendre : « vous ouvrez votre marché, moi je garde le mien »).
Pas d’armée, mais une arme redoutable : la menace tarifaire. Pas de canon, mais un tweet. Le président américain avance, conclut, proclame, et laisse à ses partenaires le soin de commenter les concessions. Dans cette diplomatie transactionnelle, l’important pour le président américain réside autant dans le contenu de l’accord que dans le récit de la victoire.
Ce n’est plus une simple politique commerciale. C’est une tournée impériale, pays après pays, avec en ligne de mire une carte du monde redessinée au profit du commerce américain. Et Trump, tel un empereur moderne, veille à ce que chaque signature d’accord soit un moment de gloire.
Du côté européen, on se console en se disant que le pire a été évité. L’administration américaine voulait taxer les produits européens jusqu’à 50 %. Finalement, ce sera « seulement » 15 %. Une bonne nouvelle ? Disons plutôt un compromis.
L’Europe évite l’affrontement direct, mais concède beaucoup pour maintenir la paix commerciale.
Sur le papier, tout le monde y gagne. En coulisses, c’est un autre son de cloche…
Tout d’abord, Donald Trump est resté inflexible sur les droits renforcés sur l’acier et l’aluminium (50 %), qui restent en vigueur (sauf ajustement ultérieur sous forme de quotas) avec un impact lourd pour certaines industries européennes.
Par ailleurs, le tarif de 15 %, bien que présenté comme un compromis face aux menaces initiales, reste largement supérieur aux taux appliqués auparavant (généralement inférieurs à 2–3 %).
Dans le même temps, l’Union européenne s’est engagée à hauteur de 750 milliards de dollars d’achats d’énergie, notamment pour remplacer le gaz russe. Ainsi qu’à 600 milliards d’investissements supplémentaires aux États-Unis.
En retour, la contrepartie américaine apparaît bien maigre, avec des engagements d’achat souvent non contraignants ou peu détaillés.
Les exportateurs européens auront le choix entre deux options peu réjouissantes :
- Absorber le coût des droits de douane, ce qui rogne leurs marges
- Ou bien répercuter ce surcoût sur les prix de vente, au risque de perdre des parts de marché aux États-Unis.
Et pour ne rien arranger, la récente dépréciation du dollar face à l’euro alourdit encore la facture : les produits européens deviennent mécaniquement plus chers pour les acheteurs américains.
Le cocktail « hausse des tarifs + effet de change » s’annonce donc particulièrement amer pour l’industrie exportatrice européenne. Les États-Unis représentent un peu plus de 20 % des exportations extras-UE, soit un montant de 531,6 milliards d’euros. La Commission européenne a donc déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025 de 0,2 à 0,4 point de PIB pour l’UE en 2025.
Marchés financiers : le soulagement l'emporte sur la frustration
Du côté des marchés, certes, le deal est déséquilibré, les concessions sont à sens unique, et les droits de douane à 15 % restent une mauvaise nouvelle pour l’industrie exportatrice européenne, mais les investisseurs ont surtout retenu une chose : le risque d’une guerre commerciale brutale a été écarté, la lisibilité a été restaurée et les principales places financières devraient logiquement accueillir positivement l’annonce du deal douanier entre Bruxelles et Washington (elles étaient fermées à l’heure où je rédige cette note hebdomadaire).
Résultats d'entreprises : Wall Street en forme, la France en contraste
Aux États-Unis, la saison des résultats a confirmé une dynamique solide : 80 % des sociétés du S&P 500 ont dépassé les attentes au 2ᵉ trimestre, avec des géants comme Alphabet, Verizon ou Lennox en belle forme.
Seuls Tesla (–8,24 %) et Intel (–8,53 %) ont déçu après un trimestre négatif.
En France, la semaine a été marquée par une stabilité relative du CAC 40 malgré des résultats contrastés : LVMH régresse légèrement, mais conserve sa stature pendant que STMicroelectronics plonge de –16,6 % après un T2 plombé par une lourde restructuration.
De son côté TotalEnergies encaisse la baisse des prix du pétrole malgré une production en légère hausse.
Banques centrales : statuquo côté BCE, suspense côté Fed
La BCE a maintenu ses trois taux directeurs. C’est le premier arrêt après huit baisses successives depuis juin 2024, marquant une pause dans le cycle d’assouplissement monétaire.
La décision était largement anticipée, sans surprise notable.
La Fed, elle, sera attendue mercredi prochain. Et elle devrait, au grand dam de Donald Trump, maintenir son taux entre 4,25 % et 4,50 % ce mois-ci. L’institution veut d’abord observer l’impact des tarifs et des tensions commerciales sur l’inflation avant d’envisager un éventuel coup de rabot à l’automne.
À ce jour, il n’y a guère que le président de la Fed qui ose encore dire non à Trump.
Bonne semaine à toutes et tous !
- Rédigé par Vincent BARBIER, gérant Proximité Partenaires Conseils.
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