Nous vous proposons ci-dessous un nouveau bilan hebdomadaire des marchés de la semaine passée. Bonne lecture.
Août 2025 : Un mois de résilience boursière
Cher(es) lecteurs(trices),
« C’est l’heure de la rentrée et le temps est venu de ranger la crème solaire et la serviette. Mais même en vacances, exercer dans la finance oblige à garder un œil sur les marchés, août étant traditionnellement un mois chahuté, à l’instar de l’été dernier où l’appréciation soudaine du yen, déclenchée par la Banque du Japon, avait fait vaciller le château de cartes du carry trade mondial. Résultat : un mini-krach en août 2024… et la réouverture précipitée du PC pour ajuster nos stratégies. »
Cette année, le scénario a été tout autre : pas de tweet de Donald annonçant 200 % de hausse de tarifs, son ex-meilleur ami Jerome Powell s’est au contraire montré accommodant, laissant entrevoir une baisse de taux. Les marchés ont ainsi fait preuve d’une résilience inattendue, mais septembre s’annonce plus incertain, avec le risque politique français en toile de fond : la motion de censure du 8 septembre et les revues de notation souveraine pourraient remettre la volatilité au centre du jeu.
Si on prend les données historiques des 35 dernières années août affiche une performance moyenne de –0,6 %, ce qui en fait le 2ème pire mois de l’année après septembre. Le cru de 2025 est donc plutôt excellent avec une performance de +3.56% pour le S&P500 ,+3.9% pour le Nasdaq et le CAC 40; nonobstant une baisse de 2.56% sur la semaine passée; reste positif +2.41% sur le mois.
L’événement phare de l’été pour les marchés fut le traditionnel symposium de Jackson Hole, où les grands banquiers centraux tracent le cap des mois à venir. Jerome Powell, dont le mandat s’achève en mai prochain, y a prononcé son ultime discours. Plus accommodant qu’à l’accoutumée, il est resté vigilant face à une inflation encore “un peu trop élevée”, tout en soulignant les risques croissants de ralentissement économique. Il a laissé entendre qu’une baisse de taux dès septembre était plausible si les données le confirmaient. Les investisseurs y ont vu un filet de sécurité : la Fed reste prête à assouplir si nécessaire.
La France face à ses réalités budgétaires
Sans entrer dans le débat politique, notre approche se voulant agnostique : il ne s’agit pas de défendre un budget ni de suggérer des pistes d’économies, mais d’observer la situation française avec un regard strictement économique et financier.
Aujourd’hui, le déficit est évalué à 160 Mds€, soit –5,6 % du PIB. Pour revenir sous la barre européenne des –3 %, il faudrait trouver environ 75 Mds€ d’économies ou de recettes supplémentaires. Ramené à l’échelle des dépenses publiques qui représentent 58 % du PIB (record de la zone euro, la moyenne étant proche de 50 %), un simple point de PIB équivaut déjà à 25 Md€, un effort considérable.
La charge de la dette atteindra 70 à 75 Mds€ d’ici 2027 si rien n’est fait, contre 55 Mds€ aujourd’hui. Quant aux recettes fiscales, déjà très élevées (≈ 45 % du PIB), elles laissent peu de marge pour de nouveaux prélèvements.
En parallèle, les conditions de financement se sont dégradées : le spread OAT-Bund a grimpé à 80 points de base, son plus haut depuis plusieurs années, signe que les investisseurs exigent une prime de risque croissante pour financer la France.
Malgré ces chiffres vertigineux, le scénario d’un défaut reste hors de propos. La dissolution décidée en juin 2024 avait pris les marchés de court, mais la configuration actuelle, avec trois blocs politiques incapables de gouverner seuls, a été anticipée. Les investisseurs savent qu’à terme, des réformes devront avoir lieu, quoi qu’il en coûte politiquement. La véritable incertitude n’est pas de savoir si elles interviendront, mais quand et avec quelle ampleur.
La semaine prochaine, nous scruterons les données sur l’emploi aux États-Unis, publiées sous la houlette de William Wiatrowski, nommé en intérim après le limogeage d’Erika McEntarfer par Donald Trump. Officiellement, elle aurait “falsifié” les chiffres, une accusation démentie de toutes parts. Heureusement, la casquette MAGA veille désormais à la transparence statistique : avec E.J. Antoni un proche du président américain bientôt installé à la tête du BLS (l’agence fédérale américaine chargée de produire les statistiques officielles sur l’emploi) qui a commencé par critiquer ouvertement les méthodes de l'agence fédérale. Plus aucun doute ne sera permis… si ce n’est sur la crédibilité des chiffres eux-mêmes.
Bonne semaine à toutes et tous !
- Rédigé par Vincent BARBIER, gérant Proximité Partenaires Conseils.
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