Nous vous proposons ci-dessous un nouveau bilan hebdomadaire des marchés de la semaine passée. Bonne lecture.
L'apaisement politique et diplomatique redonne le sourire aux marchés
Après plusieurs semaines de tensions politiques et économiques, les marchés ont retrouvé un semblant de sérénité. En France, le gouvernement Lecornu V2 a échappé à la censure in extrémis, éloignant temporairement le spectre d’une crise institutionnelle.
Aux États-Unis, Donald Trump a adouci le ton face à la Chine, apaisant des marchés échaudés par la guerre commerciale. Ce double soulagement a permis aux indices de rebondir, malgré la résurgence de craintes autour des banques régionales américaines en fin de semaine.
Dans ce climat de respiration, LVMH a brillé grâce à des résultats solides, offrant au CAC 40 la meilleure performance hebdomadaire de la période : +3,24 %, devant les principaux indices américains et européens..
Contexte politique en France : vote de confiance et apaisement temporaire
Sébastien Lecornu, que l’on pourrait presque surnommer "le Phénix de Matignon", a su renaître de ses cendres après avoir traversé les flammes parlementaires. En survivant à deux motions de censure, la perception du risque politique qui pesait sur les marchés français s’est temporairement écarté.
Un Phénix, certes, mais un Phénix un peu déplumé … pour préserver la stabilité de son gouvernement, il a dû suspendre la réforme des retraites, cette même réforme qui avait mobilisé pendant près de trois mois au printemps 2023, rassemblant plus d’un million de manifestants et pesant pour environ 0,2 point de PIB selon la Banque de France.
Le véritable défi commence désormais avec l’examen du projet de loi de finances 2026, dont l’objectif affiché est de ramener le déficit public à 4,7 % du PIB, malgré une hausse de la dépense publique d’environ 20 milliards d’euros.
Un paradoxe bien français : le pays, déjà parmi les plus dépensiers et fiscalement contraints d’Europe, cherche à redresser ses comptes tout en maintenant, voire en amplifiant, son effort budgétaire.
Cette stratégie, perçue comme un compromis politique, rassure les marchés à court terme, la stabilité institutionnelle prime toujours sur la rigueur budgétaire immédiate, mais laisse planer des interrogations sur la trajectoire des finances publiques à moyen terme.
Cette équation budgétaire n’a d’ailleurs pas échappé à Standard & Poor’s, qui a choisi d’abaisser la note souveraine de la France de AA- à A+, en soulignant les incertitudes sur la trajectoire des finances publiques et la difficulté à contenir la dette.
Géopolitique et commerce : tensions sino-américaines malgré des signes de détente
Sur le front international, le climat reste tendu entre Washington et Pékin mais, comme souvent, il suffit d’un tweet ou d’une déclaration improvisée de Donald Trump pour que les marchés s’autorisent un soupir de soulagement.
Le président américain a jugé que les tarifs cumulés de 157 % sur les importations chinoises étaient « non durables ». Pour les lecteurs les plus assidus de la newsletter , vous aurez reconnu la méthode TACOS « trump always chickens out sooner » qui décrit de manière un peu triviale le fait que Donald Trump montre les muscles avant de se dégonfler, bon faut pas trop le chauffer quand même, car le bouton rouge ne sert pas toujours qu’à servir des canettes de coca cola, les Iraniens s’en souviennent encore…
Pour le moment, l’humeur du président américain se veut plutôt conciliatrice, favorable à une rencontre avec Xi Jinping lors du sommet de l’APEC en Corée du Sud, où il promet « un nouvel élan » dans le dialogue commercial. Les marchés, eux, ont surtout retenu l’essentiel : moins de tensions, plus de visibilité.
Mais pendant que Washington parle de détente, Pékin agit différemment : durcissement des contrôles à l’exportation sur certains métaux stratégiques, notamment les terres rares, sujet évoqué la semaine dernière dans ma note hebdo.
Le risque d’une « escalade » commerciale reste donc bien présent, mais le fait que Washington ait signalé vouloir négocier (et que Pékin aussi) est interprété comme un élément relativement favorable pour le sentiment à court terme.
Système bancaire américain : début de crispation sur les banques régionales
Vendredi, un nouveau point de tension est apparu aux États-Unis : deux banques régionales Zions Bancorporation et Western Alliance Bancorporation ont signalé des pertes et des litiges liés à des prêts frauduleux, réveillant le spectre de la crise bancaire de 2023. À l’époque, on s’imaginait revivre un scénario à la Lheman Brothers, Silicon Valley Bank et First Republic s’étaient effondrées sous le poids de retraits massifs et de pertes sur obligations.
Seulement, à la différence de Lehman Brothers, abandonnée en 2008 pour éviter de créer un précédent de « sauvetage automatique » au prix d’un choc mondial, les autorités américaines avaient cette fois réagi avec une rapidité exemplaire afin d’éviter l’effet domino. En garantissant l’ensemble des dépôts, elles avaient réussi à stabiliser la confiance dans le secteur bancaire régional.
Ces épisodes avaient déjà mis en lumière la fragilité d’un modèle où les banques régionales, en dessous des 200 milliards de dollars d’actifs, échappent aux règles prudentielles les plus strictes.
Pour autant, plusieurs analystes jugent que les craintes autour de Zions Bancorp et Western Alliance sont exagérées. Selon Jefferies, leur exposition ne représenterait que 1,1 % et 1,6 % de leurs fonds propres, des niveaux très limités. De plus, le contexte diffère nettement de 2023 : contrairement à SVB, contrainte de vendre en urgence ses obligations dévalorisées par la hausse des taux, les banques régionales actuelles ne font pas face à la même pression sur leurs portefeuilles.
LVMH redonne de l'éclat au luxe... et au CAC 40
LVMH a publié des résultats supérieurs aux attentes au troisième trimestre, avec une croissance organique de +1 % et un chiffre d’affaires d’environ 18,3 milliards d’euros. Mais largement saluée par les marchés : l’action a bondi de près de +13 % en une séance, sa meilleure performance depuis plusieurs années.
Ce rebond spectaculaire a eu un effet d’entraînement sur l’ensemble du secteur du luxe : Hermès, Kering et L’Oréal en tête.
Au-delà du simple mouvement boursier, cette dynamique illustre parfaitement ce que nous défendons depuis plusieurs mois : la prime de qualité reste un refuge pour les investisseurs, et le luxe incarne toujours la résilience française face à la volatilité des marchés.
Nos positions prises en fin d’année dernière sur Kering s’inscrivent dans cette logique : profiter des points d’entrée attractifs sur des maisons solides, qui disposent de marques fortes et d’un potentiel de redressement à moyen terme.
LVMH envoie ici un message clair : le luxe reste un pilier de stabilité, et parfois même, le moteur du rebond.
La semaine prochaine s’annonce dense en publications trimestrielles : près de la moitié du CAC 40 dévoilera ses résultats, aux côtés de plusieurs grands noms européens et américains (L’Oréal, Hermès, Kering, SAP, Unilever, Eni…). Un rendez-vous décisif pour mesurer la solidité du rebond observé ces derniers jours.
Bonne semaine à toutes et tous !
Rédigé par Vincent BARBIER, gérant Proximité Partenaires Conseils.
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